"L'une des promesses-clés de l'équipe Obama, pendant la campagne de 2008, était pourtant qu'il "n'oublierait pas la classe moyenne".
Eh bien, c'est fait. Elle est dévastée. Et sa disparition est bien plus menaçante pour la stabilité à long terme de ce pays que la crise financière, qui a vu 3 000 milliards de dollars d'argent du contribuable versés à Wall Street. Des chiffres ? Depuis la fin de 2007, nous avons perdu plus de 8,4 millions d'emplois. Un Américain sur 5 est sans emploi ou sous-employé.
Un crédit immobilier sur 8 mène à la saisie. Un Américain sur 8 vit de bons alimentaires. Chaque mois, plus de 120 000 familles se déclarent en faillite. La crise économique a balayé plus de 5 000 milliards de fonds de retraite et d'économies ! Je ne comprends pas que Washington n'ait pas conscience de l'urgence absolue d'agir."
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"Le plan de "stimulus" d'Obama, signé au tout début de son mandat, n'avait-il pas cet objectif ?
On l'avait espéré. A l'époque, Tom Friedman du New York Times avait même écrit que les mois suivants seraient "parmi les plus importants de l'histoire américaine". Mais Obama a raté son moment. Il n'a pas osé. Il n'a pas su faire preuve de l'audace, de l'indépendance et du charisme d'un Roosevelt qui, en pleine dépression, avait lancé un programme de travaux gigantesques dont les bénéfices se ressentent encore aujourd'hui.
Chamailleries partisanes, lobbies, démagogie électoraliste ont eu raison d'un vrai plan de relance. Sur les 787 milliards du plan, seuls 72 ont été alloués aux projets d'infrastructures. Navrant."
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"Vous dénoncez particulièrement la collusion entre Washington et Wall Street.
Ah, on peut dire que les grands patrons de Wall Street ont fait très fort ! Au lieu d'assiéger ou de combattre ceux qui faisaient la loi, ils les ont rejoints, investissant eux-mêmes les postes de pouvoir à Washington et intégrant les cabinets de décideurs et législateurs. Y compris l'équipe économique d'Obama !
C'est ainsi que la pensée Wall Street est devenue la pensée dominante, comme une composante génétique de nos dirigeants. Les banques ont remplacé le peuple au centre de l'univers économique. Au point que, lorsqu'elles ont été menacées de s'effondrer, le peuple des contribuables a été prié de leur porter secours de toute urgence. A coups de milliards. Et surtout : sans conditions !"
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2010/10/31/arianna-huffington-les-etats-unis-se-delabrent_1432812_3222.html#ens_id=1368676