Jean-Sé @ 20/10/2006 - 22h17 a dit:
Cher docteur, je te lit toujours avec le même bonheur.
Le simple fait de voir que tu as posté m'apporte le reconfort à la fin d'une journée harassante. 
(...)
Merci de me répondre. J'ai vu ailleurs que tu etais spécialisé dans le courier du coeur, je sais donc que tu sauras répondre à ma curiosité 
Ton message m'a d'abord intrigué.
Ainsi, mes textes apporteraient le bonheur à quelqu'un.
Ce serait un peu comme moi, quand j'écoute du Wagner.
Je trouve ça beau.
C'est bien de cela dont il s'agit, n'est-ce pas ?
Je serais un artiste, en quelque sorte.
C'est marrant, on m'a toujours prétendu le contraire.
Bon, admettons.
Même s'il me reste des doutes sérieux, je ne vais pas te contrarier. Ce n'est pas le moment.
D'ailleurs, qui me dit que je rencontrerai un jour un autre admirateur aussi fervent ?
Peu probable. Je préfère ne pas prendre de risques.
Après tout, se sentir un artiste, c'est certainement une question d'autosuggestion.
Rien de plus.
Tiens, tu vois, le temps du voyage, je m'y suis déjà habitué.
A la lecture de ton post, j'ai donc pris ma décision. Froidement.
Marre de cette vie à la con.
J'ai décidé de changer du tout au tout.
Pour commencer par un acte fort et hautement symbolique, j'ai tenté de me débarrasser de CriCri, mon chat.
Aussi parce qu'il est devenu totalement incontinent et qu'il chie partout.
Prêt au sacrifice, j'ai mis l'intro de Tannhäuser à fond dans l'appartement.
Mais je me suis laisser attendrir par ses miaulements et j'ai arrêté l'autocuiseur.
A l'heure qu'il est, le félin légèrement roussi nous accompagne donc dans notre encombrant périple.
Il faut avouer qu'avec douze enfants, mes trois walkyries dont deux enceintes jusqu'aux dents et mes belles-mères séniles jusqu'aux pieds, je ne suis plus à une nuisance près.
Oui, j'appelle mes femmes des walkyries à cause du bruit qu'elles font en permanence.
Ceci dit, c'est bête mais je sens que si je n'ai pas ce petit monde près de moi, ma puissance créatrice sera amoindrie.
A ce propos, j'ai déjà une idée très précise concernant le roman que je compte commencer dès demain, face à l'océan.
Le sujet n'a aucune espèce d'importance mais ce qui est certain, c'est qu'il y aura plusieurs volumes - comme la tétralogie wagnérienne - et que j'en écrirai un par an.
Enfin, à peu près.
Sur la couverture et comme unique illustration, mon ange thuriféraire et échevelé, en train de surfer une vague.
Qu'est-ce que tu en penses ?
Autre privilège que je t'octroie, tu seras mon premier lecteur.
Sans doute le seul aussi, je n'ai aucune intention de publier quoique ce soit.
En effet, dans cette nouvelle vie, j'ai décidé de bannir le monde de l'argent.
Un artiste digne de ce nom doit s'affranchir définitivement de toute compromission vis à vis de la société marchande, c'est un principe que Wagner a toujours respecté.
Bien entendu, il n'aurait pas pu exercer son art sans un mécène prêt à subvenir à ses besoins colossaux.
C'est vrai que ton salaire d'informaticien contrôleur de flood ne doit pas te permettre des fantaisies à l'égal d'un Louis II de Bavière.
Le gîte et le couvert pour ma petite famille, de quoi faire du windsurf si l'envie m'en prend; reconnais que c'est un minimum loin des extravagances d'un musicien mégalo.
Tiens, je vois déjà un bout de l'archipel par le hublot. C'est vraiment magnifique le Cap-Vert.
Nous avons tous hâte de te rencontrer. A tout de suite.