vous êtes des keynesiens!
http://www.solidariteetprogres.org/documents-de-fond-7/economie/article/iv-la-theorie-generale-de-keynes.html"Si « progrès » il y a chez Keynes, c’est qu’il a mieux compris que les auteurs classiques l’importance de manipuler les perceptions et les comportements.
La théorie classique se veut l’expression d’une prétendue « objectivité rationnelle » d’un état d’équilibre parfait. Pour autant qu’il s’en détachât, ce fut pour rejeter l’existence d’un impératif économique indéniable : le rôle de l’innovation scientifique et technologique, expressions du progrès de l’esprit humain. Voilà comment Keynes « innove » en ouvrant toute grande la porte aux théories actuelles de l’économie comportementaliste."
*"Dans la logique du court terme de Keynes et des auteurs classiques, les salaires doivent être bas pour permettre aux gens de travailler. A l’opposé,
dans une économie dont le but est de servir le progrès social,
les gains de productivité obtenus par le développement de l’infrastructure et les découvertes technologiques vont
accroître les niveaux de vie et d’activité économique, et indirectement, mais tout à fait sûrement, l’emploi qualifié."
*
"Tout d’abord, l’approche de Keynes est entièrement orientée sur le court terme, comme le montre son attitude à l’égard des éléments qu’il considère comme « donnés d’avance » : qualification de la main d’oeuvre, infrastructure, techniques existantes, degré de compétition, structures sociales. Au chapitre 18 (op. cit.), Keynes explique que
« ceci ne signifie pas que nous jugions ces facteurs comme constants ; mais seulement que, dans ce lieu et contexte, nous ne considérons ou ne prenons pas en compte les effets et les conséquences de ces changements. »Au contraire, en construisant des barrages, des écoles, des hôpitaux et autres types d’infrastructures, en électrifiant les campagnes, en accélérant la recherche pour développer de nouvelles technologies, en instaurant des mesures protectionnistes appropriées, en défendant les organisations syndicales, le
New Deal de Roosevelt entreprit dès le départ, comme son nom l’indique par ailleurs, de
« changer la donne ».
Un
Etat totalitaire est toujours
obsédé par le court terme : le maintien au pouvoir et la reproduction à l’identique des structures sociales en place. Un Etat républicain cherche au contraire à faire évoluer la société, à améliorer les niveaux de vie, à préparer les capacités d’accueil pour les générations à venir. C’est exactement ce que visait à accomplir le New Deal de Roosevelt, à l’opposé des politiques poursuivies par Mussolini en Italie et Hjalmar Schacht en Allemagne (que Keynes admirait par ailleurs, et qui fut président de la Reichsbank et ministre de l’Economie d’Adolf Hitler). Certes, en raison des tentatives de déstabilisation organisées contre lui, de la dégradation de l’environnement (Dust Bowl) et des tensions sociales liées à la fermeture des usines, Roosevelt dut lui aussi faire face à des impératifs à court terme, et, par exemple, créer des emplois non qualifiés pour combattre le chômage."
plus philosophiquement
"
Le point le plus important est celui qui opposa virulemment, d’un côté Mach et l’école de psychologie comportementaliste, et de l’autre, Max Planck et Wolfgang Koehler. Pour ces derniers, nos propres pensées sont ce que nous savons être réel avant tout. Contrairement aux animaux, nous avons la possibilité de créer dans notre esprit des concepts efficients, que nous savons être efficients pour les avoir ensuite testés expérimentalement, et s’ils s’avèrent être une authentique découverte, ils représentent alors, potentiellement, une rupture complète avec tout ce nous avons expérimenté jusque-là.Comme l’illustre le cas d’Helen Keller, la réalité la plus profonde est celle que nous finissons par connaître avec l’esprit.
Dans une lettre à la reine Sophie Charlotte, Gottfried Wilhelm Leibniz explique pourquoi, contrairement aux croyances positivistes, les impressions des sens différent de la vérité accessible à l’esprit :
«
L’être, lui-même, et la vérité ne sont pas totalement connaissables par les sens ; car alors il ne serait pas impossible pour une créature d’avoir des rêves longs et ordonnés, ressemblant à notre vie, de telle sorte que tout ce qu’elle pensait percevoir par les sens n’était que de simples apparences. Il doit donc y avoir quelque chose au delà des sens qui distingue le vrai de l’apparent. Mais la vérité des sciences démonstratives doit être exempte de ces doutes et doit même servir pour le jugement des vérités des choses sensibles. Car, comme l’ont déjà fait remarquer avec justesse des philosophes compétents anciens et modernes : si tout ce que je crois voir doit être un rêve, cela serait tout aussi vrai que moi, pensant tout en rêvant serait quelque chose, et penserait en différentes manières pour lesquelles il y aurait toujours une raison.
« Par conséquent, il vaut la peine de considérer ce que les anciens platoniciens ont pu observer comme très vrai, qui est
que l’existence des choses intelligibles et particulièrement de l’Ego qui pense et que l’on nomme esprit ou âme, est incomparablement bien plus sûr que l’existence des choses sensibles ; et que par conséquent il ne serait pas impossible, métaphysiquement parlant, qu’à la base soient uniquement ces substances intelligibles, et que les choses sensibles ne soient qu’apparences. Tandis que d’un autre côté, notre manque d’attention nous fait prendre les choses sensibles comme les seules choses véritables. Il est bon aussi d’observer que si je devais découvrir n’importe quelle vérité démonstrative, mathématique ou autre, tout en rêvant, (comme il se pourrait en effet), cela serait aussi juste que si j’étais éveillé. Cela montre combien les vérités intelligibles peuvent être indépendantes de la vérité de l’existence des choses sensibles et matérielles extérieures à nous. Cette conception de l’être et de la vérité se retrouve par conséquent dans l’Ego et dans la compréhension, plutôt qu’à travers les sens externes et la perception des objets extérieurs. »"
http://www.solidariteetprogres.org/documents-de-fond-7/science/article/helen-keller-l-esprit-au-dela-des.html"